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À ma mère

Le 14/12/2013

 

 Il a fallu que j’arrive à la cinquantaine pour apprendre que j’avais été, le jour de ma naissance ton « étoile de Bethléem ». J’ai compris (appris) ce jour-là que tu avais failli mourir en me mettant au monde.

Ces dernières années j’étais devenue, c’est toi qui le disais, ton « petit grillon », celui qui veille discrètement dans les maisons, la conscience, Jimmy le criquet.

Ces derniers mois, tu nous as fait l’immense cadeau de ta sérénité, peut-être était-ce aussi de la résignation, face à la fatalité, face à la fin de ta vie.

Cette faculté que tu avais à t’adapter à toutes les situations, à prendre toujours les choses comme elles venaient, du bon côté, à voir le verre à moitié plein, Louis l’a exprimé avec une extrême justesse lorsqu’il t’a représentée comme un ruisseau.

Ces dernières semaines, ces derniers jours, j’aurais aimé rester pour toi la petite étoile et te guider doucement jusqu’au bout du tunnel. Je ne sais pas si j’ai réussi. Mon impression est que c’est encore toi qui me guidais, m’accompagnais jusqu’à l’acceptation, jusqu’à la séparation, en chantant, jusqu’à la fin.

Tu resteras ma petite lumière, mon grillon, ma leçon de vie.

Françoise, dimanche 3 novembre 2013

 

Adieu-siatz Juliette

Le 14/12/2013

 

 Malgré la sombre enclume

Qui vous clouait au sol,

À l’instar de Saint-Exupéry

Et de son aérienne plume,

Vous avez pris votre envol

Vers les limbes de l’infini.

Et, comme on dit aux marins

En partance, au petit matin :

Bon vent !

Qu’un amical et bienveillant zéphyr

Gonfle les voiles et tende la toile !

Qu’il vous porte au firmament !

Jusqu’au zénith, en partant du nadir.

Au passage, pour vos nombreux enfants,

Pour nous tous ici-bas, saluez les étoiles.

Adieu-siatz, Bonne Maman.

 

Et, si un soir, de notre seuil

Notre regard portant vers le haut

Dans l’immensité de la nuit céleste

Nos voyons scintiller un astre nouveau

Sourions-lui, c’est Juliette,

Elle nous lance un clin d’œil.

Christian
 

 

Juliette chantait, écoutez...

Le 01/01/2014

Lorsqu’elle était seule dans sa chambre, Maman chantait souvent. Les derniers mois, elle préférait que sa porte reste ouverte, ça la rassurait. Quand elle chantait, tout le couloir en profitait. Bien qu’elle chante archi faux, le personnel, surpris au début, appréciait beaucoup, ça changeait des plaintes ou des cris d’autres résidents.
J’ai eu l’occasion de l’enregistrer un après-midi de novembre 2012 alors qu’elle poussait la chansonnette, que je ne connaissais pas, mais comme elle le dit si bien : « elle est vieille cette chanson, c’est pas une chanson moderne », et … je l’ai trouvée sur internet : « Ce qu’on appelle aimer » d’Edmond Rat, coiffeur à Châtellerault :
 
Ce qu’on appelle aimer

Sous un regard de deux grands yeux
Etre ému jusqu’au fond de l’âme
Par un charme mystérieux
Etre attiré vers une femme
Doucement se laisser charmer
Ne rien aimer que ce qu’elle aime
Et sentir son cœur se fermer
A ce qui n’est pas elle-même.

Refrain
Si c’est là ce qu’on appelle aimer
Et bien oui j’aime, j’aime, j’aime
Et suis heureux d’aimer.
 
Elle m’a alors expliqué que lorsqu’elles étaient jeunes et qu’il y avait la fête à Saint-Agne, Marie-Louise et Germaine se plaçaient tout près de l’orchestre pour apprendre les chansons, qu’elles apprenaient ensuite à Louise et Juliette.
Les dernières semaines de sa vie, elle chantait toujours. Le plus souvent, c’était « Perrine était servante chez Mr le curé » ou « l’Ave Maria », celui qu’on chante à Rieux, au 15 août pour la procession à la Vierge du pont d’Auriac. Alors, souvent, les derniers jours, je chantais avec elle, ces chansons-là ou d’autres …
Elle a toujours chanté pour nous, toujours faux mais je ne m’en rendais pas compte et bizarrement, je les entendais et les chantais justes.
Françoise

 

Il en est passé de l'eau sous les ponts ...

Le 31/12/2013

Juliette, Françoise et Raymonde
Juliette, Françoise et Raymonde 
Vendredi 7 septembre 2012
Christiane, Louis, Christian et moi retrouvons à l’Orée du bois auprès de Bonne-Maman, Andrée, Auguste, Jacques et Raymonde qui ont mangé avec elle. Nous portons un gâteau, le café et une bouteille de limonade pour fêter ses 96 ans. Elle est très fatiguée, elle somnole un peu. Elle ne peut suivre les conversations. Après avoir mangé et bu, nous retournons dans sa chambre (nous étions dans le salon pour être plus à l’aise) pour l’installer dans son fauteuil plus confortable. Jacques nous quitte. Pendant que nous branchons un amplificateur pour la sonnerie du téléphone que nous lui avons offert, elle s’endort. Raymonde se met à raconter : elle se souvient de l’époque où Maman a commencé à fréquenter Papa.
«Je me rappelle où ils allaient tous les deux. Avec Bibise (son amie) nous les guettions car ils allaient derrière chez sa tante. Et je me souviens lui avoir dit : - j’ai vu Juliette avec un jeune homme, je crois qu’il deviendra mon beau-frère – Je ne me doutais pas que c’était vrai.»
Maman ouvre un œil de temps en temps. Je suis accroupie près d’elle, je lui tiens la main. Nous sommes tous tout ouï devant Raymonde et demandons des détails. Maman qui ouvre péniblement les yeux demande « Qu’est-ce qu’elle raconte ? » Je lui répète ce que dit sa sœur. Alors les yeux mi-clos, elle secoue la tête lentement, comme perdue dans ses souvenirs. Je lui demande «tu te souviens ?» Elle acquiesce, un demi sourire, hoche la tête longuement, puis : «Oh oui … Et bien … Il en est passé de l’eau sous les ponts depuis …»  Nous sommes autour d’elle, attendris, émus. Puis je lui dis : «Toute une vie», elle répète «Toute une vie», je continue : «Une vie bien remplie ». Elle ne répond pas mais hoche la tête, plusieurs fois, les yeux fermés, un demi-sourire.
Je suis très émue.
Françoise

 

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